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Générations sans Tabac

    

Le projet ‘Belgian Breeders Bonus’ n’est pas encore suffisamment connu dans le monde de l’élevage Jaak Vermeulen van het Dingeshof, éleveur de Katanga van het Dingeshof

Katanga van het Dingeshof - Photo : Dirk Caremans

En lisant cet article, vous découvrirez que le projet ‘Belgian Breeders Bonus’ est encore loin d'être suffisamment connu dans le monde de l’élevage. Même l'éleveur de Katanga van het Dingeshof, l'un des meilleurs chevaux du classement n’était pas au courant! Il est grand temps d'y prêter un peu plus attention. Le Belgian Breeder Bonus est une initiative de la quasi-totalité du monde équestre belge. La passion et l'expertise, mais surtout le travail acharné doivent être récompensés ! C'est pourquoi le secteur du cheval a uni ses forces pour apporter un soutien financier aux meilleurs éleveurs nationaux. Après tout, les meilleurs éleveurs de Belgique sont aussi les meilleurs éleveurs

au monde ! Le Belgian Breeders Bonus vise à soutenir et à reconnaître la richesse des connaissances et la grande expertise qui ont permis d’arriver à obtenir les chevaux belges d'aujourd'hui. Vous pouvez en apprendre davantage sur le sujet ici.

 

"Ce n'est pas toujours un coup dans le mille du premier coup! Il faut parcourir un long chemin avant de connaitre le succès.”

Katanga van het Dingeshof (Cardento) et Nicola Philippaerts ont remporté la médaille de bronze par équipe au Championnat d’Europe de saut d’obstacles l'année dernière. Au classement individuel, ils se retrouvent à la cinquième place. Ces performances sont restées dans l'ombre des Jeux Olympiques. Cette année, ils sont visiblement sortis au grand jour.

À Rome, ils ont terminé deuxièmes de la Coupe des Nations et quatrièmes du Grand Prix. Leur rendez-vous suivant était à Aix-la-Chapelle : deuxièmes dans la Coupe des Nations et troisièmes dans le Grand Prix. De tels résultats permettent d'être sélectionnés pour le Championnat du Monde.

Nicola Philippaerts a un nouveau crack sous sa selle et il est né à deux pas de son écurie, chez Jaak Vermeulen (71). Il suit de près les résultats de Katanga, mais toujours en différé. ‘Katanga s’en sort super bien, hein !’ La chose la plus importante pour moi est certainement qu'elle reste en bonne santé", commence Jaak Vermeulen. Le Belgium Breeders Bonus est un projet qu’il ne connait pas encore. ‘Une prime pour l'éleveur ? Belle reconnaissance et bon à prendre!’

 

Pourquoi ne regardes-tu jamais les parcours en direct ?

Je n'ose pas. Je regarde en différé si je sais que cela s'est bien terminé. Si je regarde en direct et qu'une barre tombe, je pense que c'est ma faute. Je suis superstitieux et je n'irai donc jamais à Aix-la-Chapelle pour y assister. Mais je verrai de toute façon la compétition à la télévision. Je suis alors plus détendu. En tant qu'éleveur, n'est-ce pas quelque chose dont on peut être fier ? Et Nicola s’y prend bien, il suffit de voir ce qu’il fait avec Katanga. Mon fils Kevin a fait les premiers pas avec Katanga, puis Marjan Poukens l’a sortie en compétition. Katanga restait chez nous pendant tout ce temps. Kevin faisait du dressage avec elle pendant la semaine, Je la longeais aussi et Marjan montait le week-end. C’est au Sentower Park, que Katanga, âgée de six ans, a été repérée par Ludo Philippaerts. C’était l'hiver, Ludo l’a alors achètee et envoyée en Espagne pour qu’elle y soit montée par une amazone suédoise.

 

Quel est le premier souvenir que vous gardez de Katanga ?

Elle avait beaucoup de sang ! Mais que peut-on dire de plus à ce sujet ? À deux ans, elle s'est blessée en s’emmêlant dans le fil de la prairie. Rien de grave, une blessure superficielle, mais il fallait s'occuper d'elle tous les jours et ce n'était pas vraiment simple. Nous élevons des chevaux de caractère. Pour le sport, ils doivent avoir du caractère, n'est-ce pas ?

Kevin lui a fait faire ses premiers petits sauts. Pour le commerce, les jeunes chevaux doivent déjà pouvoir être gentiment.montés et en main. Disons que Katanga n'a pas été commerciale quand elle était jeune. Elle vivait dans son propre monde. Vous ne pouviez rien lui imposer. Tout devait être fait à son rythme et il fallait demander gentiment.

 

Une tâche difficile ?

Kevin : C'est comme mon père l’a expliqué, nous avons principalement des chevaux comme ça. Katanga n'est pas une exception. En tant que cavalier, il faut s’adapter à elle. C'est la règle de base. Une fois, j'ai eu un cheval qui était presque impossible à monter avant qu'elle n’ait six ans. Et puis, d’un coup, le déclic s'est produit et, à sept ans, elle sautait comme ses congénaires comme si elle n'avait jamais fait autre chose. Certains chevaux ont simplement besoin de temps et, en tant que cavalier, vous devez l'accepter et, dans l'intervalle, vous devez toujours rester calme.

 

Cela ne met-il pas votre patience à rude épreuve ?

Oui, mais sa qualité intrinsèque nous a motivé. Je me souviens encore de notre premier parcours. Parfois, elle s'approchait tellement près de l’obstacle qu’on avait toujours l’impression qu’elle allait faire tomber une barre. Mais elle était tellement rapide au niveau des antérieurs qu'elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour ne pas toucher la barre. Elle a fait le travail, mais à sa façon. Et cela signifiait que, par-dessus tout, vous deviez la laisser faire. Plus on voulait la contrôler, plus elle était susceptible de faire des erreurs.

 

Avez-vous réalisé que Katanga était vraiment un cheval à part ?

En tant que jeune cheval de quatre et cinq ans, non. Elle était trop difficile pour ça. Des chevaux comme ça ne montrent pas leur qualité aussi jeunes. Ça ne se voit que plus tard dans leur vie. Et même aujourd'hui, je constate que ce n'est pas toujours évident.

 

Comment était Katanga quand vous vous en occupiez ?

Très douce, comme tous les chevaux. Et je le pense vraiment. Peu importe le caractère qu'ils ont, dans la manipulation quotidienne, on n’a aucun problème avec eux. Peut-être que c’est également lié à leur éducation ? Nous y travaillons dès qu'ils sont poulains.

 

Avez-vous reçu des demandes pour Katanga lorsqu’elle avait quatre et cinq ans ?

Je me souviens de quelqu'un qui cherchait des chevaux pour les Etats-Unis. Il a reconnu les qualités de Katanga et a ajouté que nous avions encore beaucoup de travail à faire. C'était bien le cas. Nous pensions déjà que c'était un bon cheval, même si on ne peut jamais dire qu'un six ans va sauter 1,60m.

 

Est-il vrai que Ludo Philippaerts pouvait l’acheter mais pas l’essayer ?

C’est tout à fait exact (rires). Je croyais en Katanga ! Mais combien de fois les cavaliers essaient-ils un cheval pour le démolir ensuite ? J'en ai marre de ça. Ils trouvent toujours quelque chose à redire. Si Ludo l’avait essayée, il ne l’aurait pas achetée. Je le savais. Ce n'est pas que je voulais tromper Ludo, au contraire, c'était pour l'aider. Je lui ai dit en toute honnêteté comment elle était et qu'elle n'était pas la plus facile. Mais pas une terreur non plus. Il fallait s’en rendre compte comme cela.

 

Est-ce que Katanga était montable ou pas ?

Kevin : En tant que facteur, je rends souvent visite à Ludo Philippaerts et il a toujours été satisfait de Katanga. Il ajoutait qu'elle avait du caractère, mais aussi un bon mental. Ludo a acheté Katanga au début de ses sept ans. Elle est immédiatement partie en Espagne pour quelques semaines. Ensuite, elle a été dans une autre écurie où sont placés de nombreux jeunes chevaux de Dorperheide. Les chevaux comme Katanga doivent avoir la chance que le propriétaire croit en eux et que le cavalier leur consacre du temps. En tant qu'éleveur, on fait de notre mieux pour toujours obtenir de meilleurs chevaux. Même si nous ne sommes qu'un petit maillon dans une longue chaine, l'ensemble du des différentes étapes doit être de qualité pour obtenir un bon cheval. C’est comme cela que ca s’est passé avec Katanga.

 

Est-ce que les chevaux venant de Dingeshof sont connus pour leur caractère ?

Les meilleurs chevaux de sport ont souvent un caractère fort. Cela va de paire. Mon père était un marchand de chevaux de course, de trait et de loisirs. Parfois, il rentrait avec cinq chevaux et je devais tous les monter. Et à l'école primaire, je labourais déjà avec deux, parfois trois chevaux. Le week-end, j'étais jockey et je courais facilement dix courses par jour. J'ai grandi parmi toutes sortes de chevaux et j'ai pratiqué beaucoup d’aspects différents avec eux.

 

Vous n'en avez jamais fait votre métier ?

A un moment, j'en ai eu assez. Je suis devenu facteur et j'ai aussi eu une ferme avec des vaches blanc-bleu-belge. Je suis revenu vers les chevaux quand Kevin et Mitch ont voulu monter. D'abord des poneys, puis des chevaux. En y repensant, je ne sais pas où j'ai trouvé le temps. J'achetais des vaches au marché, puis je terminais ma tournée en tant que facteur et l'après-midi à la maison je m'occupais du bétail et de leur vente. Kevin et Mitch montaient régulièrement de nouveaux chevaux. J'ai commencé l'élevage à la fin des années 1990, avec l'arrière-grand-mère de Katanga: Noisette vh Orshof (Tamara x Alcanar xx). J'avais deux juments de deux ans et je les ai échangées contre Noisette. Elle était blessée et ne pouvait plus servir que pour l’élevage. Elle avait de bonnes origines. J'ai aussi acheté à Michel Spaas une jument par Voltaire âgée de dix ans pour l’élevage.

 

Par le passé, vous êtes devenu célèbre grâce à Abbervail vh Dingeshof, avec qui Denis Lynch a remporté des coupes du monde. Est-ce que sa mère vient également de chez Michel Spaas ?

C'était Queen van Berkenbroeck, elle avait quatre ans quand je l'ai achetée et était pleine de Quinten Van 't Merelsnest (Darco), à l'époque un jeune étalon appartenant à Michel Spaas. À ce moment-là, Queen avait déjà donné naissance à une pouliche par Nonstop : Una van Berkenbroeck, qui a fait une carrière internationale sous le nom de Fresh Direct Una, avec Tim Stockdale. Queen produisait un poulain par an chez moi. L'un d'eux était Abbervail, que j'ai vendu avec sa mère à Eric Levallois. Par l'intermédiaire de Luc Ringoot, Abbervail revint en Belgique et se retrouva à sept ans chez Jos Lansink et à aux Ecuries d'Ecaussinnes. Ils l'ont ensuite vendu à la famille Straumann pour Denis Lynch. Je n'ai pu garder aucune jument de sa mère, Queen. Via Eric Levallois, j'ai quand même essayé de racheter une descendante, mais cela n'a pas marché. Il ne faut pas s'attarder là-dessus, nous avons encore quelques autres lignées intéressantes : une via la petite-fille de Butterfly Flip, une autre par Narcotique de Muze et une autre par Venix Hero qui a donné Milo vh Dingeshof, entre autres.

 

Comment expliquez-vous votre succès ? Queen a donné trois chevaux pour le 1,60m en combinaison avec Nonstop. Avec Eric Levallois, elle donne plusieurs produits par Diamant de Semilly qui n'ont jamais atteint le niveau de vos chevaux ?

C'est ce qu'il y a d'inexplicable dans l’élevage. Vous essayez de trouver de bonnes combinaisons, bien que vous ne sachiez jamais à l'avance ce que cela va donner. Nonstop avait tendance à donner des chevaux avec du sang, tandis que Diamant avait tendance à donner des chevaux plus calmes. Peut-être que Queen, en tant que fille de Jus de Pommes, avait besoin de ce sang de Nonstop ? On ne devient pas éleveur, on naît éleveur. C'est dans vos veines.

 

Vendez-vous aussi des poulains aux enchères ?

Nous le faisons maintenant, mais nous avons eu de mauvaises expériences par le passé. Nous avons souvent été déçus. Nous avons donc racheté à plusieurs reprises notre poulain qui n'avait pas dépassé les 3 500/4 000 €. Ces poulains ont sauté des épreuves trois étoiles plus tard. Une fois, pour la même raison, nous avons racheté un frère de Katanga, Qatango vd Dingeshof Z, un fils de Quabri de L'Isle par la mère de Katanga. Maintenant que Katanga est connue, on nous demande souvent si nous n'avons plus rien de Tabelle. Autrefois, il était difficile de mettre un poulain aux enchères, maintenant on nous en demande.

Je trouve que c'est devenu maintenant un exercice d'équilibre difficile. Car maintenant, j'élève aussi en partie pour les enchères et j'utilise alors Comme Il Faut et Chacco-Blue. Mais je respecte toujours les étalonniers établis. Ils ont la connaissance et la perspicacité et je veux les suivre avec un jeune étalon en qui ils croient. Mais si vous élevez pour les enchères, vous n'avez besoin de connaître que dix étalons. Vu que nous connaissons nos juments, nous choisissons un étalon en fonction de ces connaissances, éventuellement en demandant conseil à un étalonnier. Je pense qu’on ne donne pas leur chance à trop d'étalons. Beaucoup sont sous-évalués. C'est pourquoi je donne aussi des opportunités aux jeunes. L'année dernière, j'ai utilisé Kasanova de la Pomme, Dourkan Hero Z et Ermitage Kalone, entre autres.

 

Pourquoi avez-vous choisi Cardento comme père de Katanga ?

Le premier poulain de Tabelle Dingeshof Z (Tornado x Burggraaf), la mère de Katanga, était mort-né. C'était un poulain par Indorado. Je sais que c'était un manque de chance, mais je ne voulais plus d'Indorado. C'est pourquoi j'ai choisi Cardento chez VDL. Mais pourquoi… C'est une préférence inexplicable. Bien que Cardento ait fait ses preuves dans ce sport en tant que vice-champion olympique. Cardento convient bien aux juments avec du sang. Mais on ne sait jamais. Nous avons à nouveau mis Tabelle avec Cardento, via ET. Nous verrons ce cela donnera.

Une fois, nous avons utilisé le même étalon quatre fois. Deux d'entre eux ont sauté le 1,50m, le troisième a sauté moyennement et pour le quatrième, même un vertical était trop large.

 

Quelle est la raison pour laquelle Katanga n'a pas de descendance ?

On a essayé une fois, mais elle n'était pas pleine. Mes juments sont généralement pleines lorsqu'elles ont trois ans. À cet âge, Katanga était assez petite et je ne voulais pas freiner sa croissance. Peut-être que Ludo Philippaerts voudra utiliser ses embryons plus tard ?

Ah, j'ose dire que j'ai actuellement de très bonnes poulinières qui donnent régulièrement de très bons chevaux de sport. Ce n'est pas toujours un coup dans le mille du premier coup ! Il faut parcourir un long chemin avant de connaitre le succès. Cela prend souvent plusieurs générations.

 

Texte : Kris Van Loo

Traduction: LEWB

Photo : Dirk Caremans