[Extrait du magazine Valor de Cavalor. Allez sur valor.cavalor.com pour accéder à la version numérique de Valor et lisez-la en ligne.]
Si tu peux le rêver, tu peux le faire
« Le reining, c’est le top du top. » Entretien avec le Belge Bernard Fonck qui a remporté le titre de meilleur cavalier de reining au monde. Lors des Jeux équestres mondiaux de 2018 à Tryon, Bernard a écrit une nouvelle page de l’histoire en tant que premier cavalier de reining européen à remporter la médaille d’or individuelle. Bien que le reining ne soit pas encore un sport olympique, cette discipline demande au moins autant de professionnalisme que les disciplines équestres olympiques. Le cavalier est actuellement en train de construire une toute nouvelle installation pour son entreprise Fonck Performance Horses. Quels sont, selon Bernard, les ingrédients du succès en tant que cavalier professionnel ? Et en tant qu’entrepreneur ?
Bernard Fonck, un homme qui parle peu mais qui n’a pas peur de travailler dur. Son palmarès impressionnant comprend pas moins de sept titres européens et sept titres de champion du monde NRHA ainsi que trois médailles d’argent et deux médailles d’or aux Jeux équestres mondiaux. En dehors de ses succès sportifs, Bernard dirige également une entreprise fructueuse en compagnie de sa femme, et ce, avec une vision très claire. « Nous souhaitons élever et former les meilleurs chevaux de reining au monde. » Entretien avec Bernard sur les bases de son succès en tant que cavalier et qu’entrepreneur.
Le travail d’équipe permet de réaliser son rêve
« Je dois une grande partie de mon succès à ma femme. C’est une personne très forte. Elle me permet de me sentir bien et sait me calmer ou me motiver si nécessaire. Après toutes ces années de collaboration avec Ann, nous formons une équipe parfaitement rodée. » Ce que beaucoup ignorent : Bernard n’a commencé à monter à cheval sérieusement qu’à l’âge de 28 ans. Grâce aux encouragements de sa femme Ann, le cavalier de loisir qu’était Bernard est alors devenu un cavalier professionnel. Mais la naissance de ses deux enfants, Jody et Justin, y sont également pour quelque chose. « En fait, Ann monte mieux que moi », raconte Bernard. « Elle m’a appris à monter à cheval afin que je puisse prendre en charge l’entraînement de ses chevaux durant sa grossesse. » Ce fut alors le début d’une grande carrière en tant que cavalier de reining. La collaboration a-t-elle toujours été aussi harmonieuse ? « Non, collaborer n’est pas un verbe pour rien, un mot décrivant une action. Cela coûte du temps, de l’énergie et nécessite surtout l’état d’esprit approprié. En tant que partenaire, vous ne faites rien qui pourrait blesser l’autre. Vous travaillez ensemble pour atteindre un objectif commun. Toutefois, chez les femmes, la communication ne fonctionne pas toujours comme chez les homme », ajoute Bernard en riant.
C’est la passion qui pousse à continuer
En 2012, Bernard, Ann et leur fille Jody, âgée de cinq ans à l’époque, partent s’installer en Italie. C’est alors le début d’une époque pleine d’opportunités et de possibilités qui leur permettra d’atteindre leur objectif – réussir ensemble dans le monde du reining. « Avec le recul, cette période n’a pas toujours été facile. Bâtir un avenir dans un pays qui n’est pas le vôtre exige beaucoup de concessions de votre part. » Souvent, il ne s’agit pas uniquement d’être un bon cavalier, il est avant tout question de savoir s’adapter. Une autre langue, une autre culture : autant d’éléments décisifs en matière de réussite. Cela met vraiment la force de caractère à contribution. « Et pour cela, je suis particulièrement reconnaissant. Regardez notre fille Jody. Nous l’avons vraiment jetée à l’eau à l’époque. Ce jour où je l’ai déposée à l’école alors qu’elle ne parlait pas la langue et qu’elle s’est retrouvée livrée à elle-même... Pourtant, au bout de six mois, elle parlait couramment l’italien. Et maintenant, je me rends compte de tout ce que cette expérience lui a apporté en termes d’émancipation, de motivation et de force de caractère. Elle monte à cheval depuis l’âge de deux ans environ et est déjà championne d’Europe junior. Cela me rend particulièrement fier ! » La voie du succès est truffée de défis. Qu’est-ce qui pousse Bernard à toujours chercher à les relever ? « Il faut avoir une vraie passion pour les chevaux. C’est ce qui me pousse à continuer. »
La preuve repose sur la performance
En 2018, Bernard et Ann retournent en Belgique. Ils prennent à cœur les leçons tirées de leurs expériences vécues en Italie et lancent alors leur entreprise Fonck Performance Horses. L’entreprise se consacre entièrement à l’élevage et à l’entraînement des jeunes Quarter Horses. Bernard nous parle de sa vision et de son envie d’élever de bons chevaux : « Le cheval doit avant tout avoir du talent. Il doit prêt à coopérer et avoir le courage de donner le meilleur de lui-même. C’est ce qu’il y a de plus important à nous yeux et nous aimerions appliquer cela à tous les poulains que nous élevons. » Selon Bernard, l’ingrédient clé du succès est la pratique de l’élevage avec des étalons et des juments qui ont fait leurs preuves en compétition. Dans le cadre de son élevage, Bernard accorde une importance particulière à la jument. Même si cela le confronte à un défi de taille : « Il est difficile de trouver des juments Quarter qui ont été performantes en compétition. »
Tout est question d’état d’esprit
Comment Bernard aborde-t-il l’avenir ? Bernard se demande à voix haute, en riant et avec un clin d'œil comment il va être en mesure de payer tout cela. L’entreprise fonctionne bien. La famille a trouvé sa place et construit actuellement de nouvelles installations pour Fonck Performance Horses. Celles-ci illustrent tout à fait la vision de Bernard ; seul le meilleur est acceptable. L’ancien site ne répondait plus à ses attentes en matière d’élevage et de dressage pour ses chevaux. Mais au niveau sportif également, Bernard a encore un rêve : « J’aimerais participer à la finale du Futurity qui a lieu aux États-Unis dans l’État de l'Oklahoma. Il s’agit de l’une des compétitions les plus prestigieuses au monde puisqu’elle accueille tous les ans les meilleurs entraîneurs qui ont formés eux-mêmes leurs jeunes chevaux. Ce n’est certainement pas facile. Mais ce n’est pas non plus impossible. Si tu peux le rêver, tu peux le faire ! »
Bernard a encore un conseil à donner aux jeunes cavaliers et entrepreneurs ambitieux : « Veillez à bénéficier d’une bonne formation. Travaillez dans les grandes écuries avec les meilleurs formateurs. Et gardez les yeux ouverts. Tout est question d’état d’esprit, n’abandonnez jamais ! » Et si vous travaillez avec votre femme, veillez à bien vous préparer. Selon Bernard, le meilleur guide pour ce type de collaboration est le livre « Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus ». « Une bonne préparation représente déjà la moitié du travail », conclut Bernard avec un grand clin d'œil.